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La Grande Mosquée de Bobo-Dioulasso : un joyau de terre et de foi

La Grande Mosquée de Bobo-Dioulasso : un joyau de terre et de foi


Une silhouette qui domine le vieux quartier de Dioulassoba


Au cœur de Bobo-Dioulasso, deuxième ville du Burkina Faso, se dresse une architecture saisissante : la Grande Mosquée de Dioulassoba, souvent appelée “mosquée de Dioulasso-bâ”. Avec ses minarets effilés en banco, ses contreforts massifs et ses poutres de bois jaillissant des murs, elle incarne la force tranquille d’un patrimoine à la fois religieux, historique et culturel. Véritable emblème de la ville, elle attire aussi bien les fidèles que les curieux venus découvrir l’ingéniosité de l’architecture soudanaise.


Des origines entre histoire et légende

La construction de la mosquée remonte à la fin du XIXᵉ siècle, sous l’impulsion de l’imam Sidiki Sanou. Mais les versions divergent : certains affirment qu’elle aurait été érigée dans les années 1880, tandis que des récits oraux font remonter ses premières pierres au début du XIXᵉ siècle.
Quoi qu’il en soit, elle fut bâtie dans un contexte de résistance et de réorganisation face aux guerres, notamment lors du passage de Samory Touré, figure incontournable de l’histoire ouest-africaine. La mosquée devient dès lors un repère spirituel mais aussi un symbole d’ancrage pour la communauté.


Une architecture soudanaise unique

Construite en banco (terre crue mélangée à de la paille et de l’eau), renforcée par des poutres en bois de karité qui dépassent des murs, la Grande Mosquée illustre le savoir-faire des bâtisseurs du Sahel.
Ses contreforts puissants, ses minarets élancés en forme de cônes, et son intérieur aéré capable d’accueillir des centaines de fidèles en font un édifice à la fois sobre et monumental.
Ce style architectural, que l’on retrouve également à Djenné (Mali), répond aux réalités climatiques : la terre garde la fraîcheur, tandis que les poutres servent à grimper lors des enduits réguliers nécessaires à l’entretien.


Entre restauration et fragilité

Comme toute construction en terre, la mosquée est vulnérable. Chaque saison des pluies fragilise ses murs, obligeant à des campagnes d’enduit régulières. Dans les années 1980, un toit en tôle fut ajouté pour mieux protéger l’intérieur.
En 2016, une grande opération de réhabilitation a été lancée, mobilisant l’État et les partenaires culturels. Mais le 2021, un coup dur : l’effondrement du minaret principal, rappel brutal de la fragilité de ce patrimoine. Depuis, des efforts de consolidation se poursuivent, mais la vigilance reste de mise.


Un lieu vivant, entre culte et tourisme

La mosquée n’est pas un simple vestige figé. Elle reste un lieu de prière actif, animé chaque vendredi par les fidèles du quartier et de toute la ville.
Parallèlement, elle est devenue une attraction touristique majeure, inscrite dans les circuits culturels de Bobo-Dioulasso. Des guides locaux y racontent l’histoire, les légendes et la symbolique de ses murs, offrant aux visiteurs un voyage dans le temps et la spiritualité.


Le patrimoine au défi du futur

  • La Grande Mosquée de Bobo-Dioulasso est aujourd’hui classée comme patrimoine national et figure parmi les sites candidats à une reconnaissance internationale. Mais plusieurs défis persistent :

  •  Climatiques, avec les pluies de plus en plus violentes ;


  •  Économiques, car l’entretien coûte cher ;


  • Sociaux, car il faut sensibiliser les jeunes générations à l’importance de préserver ce patrimoine.


Au-delà de sa valeur religieuse, elle incarne une mémoire commune, un lien entre les ancêtres et le présent.


Une leçon de mémoire et de résilience

La Grande Mosquée de Dioulassoba n’est pas seulement un édifice : elle est une école vivante de l’histoire, rappelant que la terre peut donner naissance à des monuments durables, que la foi peut édifier des symboles plus solides que la pierre, et que la mémoire n’est jamais poussière tant qu’elle est partagée.

Préserver ce joyau, c’est honorer la créativité des bâtisseurs d’hier et transmettre aux générations futures une part de leur âme.


Edition -

20 septembre 2025

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