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Lydia Olchitzky-Gaillet : écrire pour témoigner et transmettre

Lydia Olchitzky-Gaillet : écrire pour témoigner et transmettre


Née à Paris, dans le quartier du Marais rue Barbette, Lydia Olchitzky-Gaillet a fait de l’écriture un prolongement naturel de ses engagements humains et sociaux. Résidant aujourd’hui dans le Lot, elle a longtemps exercé comme déléguée à la protection juridique des majeurs, une mission de vigilance et de sauvegarde pour les plus vulnérables. Sa plume, comme sa voix, s’est forgée dans la défense des droits humains et dans la mémoire des destins brisés par l’Histoire.


Une vie tournée vers l’humain


Membre d’Amnesty International durant dix-huit ans, Lydia Olchitzky-Gaillet a particulièrement marqué les esprits lors de ses interventions autour du 25 novembre, journée internationale contre les violences faites aux femmes. Dans les établissements scolaires, les médiathèques ou encore à la mairie de Cahors, elle a animé débats, conférences et expositions, mêlant pédagogie et sensibilisation. Responsable de l’éducation aux droits humains pour le groupe de Cahors, relais femme pour le département du Lot, elle a multiplié les actions pour éveiller les consciences. Aujourd’hui, elle poursuit cette vocation au sein d’un lieu de vie accueillant des mineurs.


De l’Histoire familiale à la littérature engagée


Chez L’Harmattan, Lydia Olchitzky-Gaillet a publié quatre ouvrages qui tissent un fil subtil entre histoire familiale, mémoire collective et destins singuliers :

Spoliation et enfants cachés – Le destin d’un résistant (2010) : récit historique intimement lié à sa propre histoire familiale durant la Shoah. On y découvre le courage de son père, qui sauva ses cousines de la déportation en 1943, mais aussi la douleur de ne pas avoir pu sauver son propre père, assassiné à Auschwitz.

Le Club des Abandonnées : une trilogie sur la mémoire, l’exil et l’intime

Avec En sursis, Remise de peines et Sans appel, Lydia Olchitzky-Gaillet a construit une fresque romanesque réunie sous le nom évocateur de Club des Abandonnées. Trois romans liés par une même lignée féminine, trois récits où l’histoire familiale et l’Histoire collective s’entrecroisent, trois voix qui dessinent les contours d’une mémoire transgénérationnelle.

En sursis : le poids du secret.

Premier tome de la trilogie, il raconte l’amitié entre deux femmes, sur fond de violences conjugales et de non-dits familiaux. La voix féminine y apparaît comme un espace de résistance et de survie.

Remise de peines : l’adolescence fracassée.

On y suit Clara, une jeune fille en quête d’amour et de reconnaissance, prisonnière de son rapport à l’apparence et aux marques. L’autrice y explore l’adolescence comme moment de vulnérabilité extrême.

Sans appel : la mémoire et le rejet.

Dernier volume, il élargit le champ vers la grande Histoire, entre Shoah, exil et Résistance. Mais l’événement le plus déchirant est intime : le rejet paternel de Paula.

Un fil rouge : l’abandon comme héritage

Le terme « club des abandonnées » est une clé de lecture. Paula, Marie et Clara qui incarnent trois générations de femmes portant chacune une blessure liée à l’abandon : rejet amoureux, rejet familial, rejet social. Ces abandons successifs tissent un motif tragique, mais révèlent aussi une résilience et une force de survie.


Une œuvre cohérente et engagée


En reliant l’intime et le collectif, Lydia Olchitzky-Gaillet offre une trilogie profondément cohérente. Elle questionne la transmission des blessures à travers les générations et rappelle que les traumatismes du passé continuent d’habiter le présent. Son écriture, sobre et directe, fait de la littérature un outil de mémoire et de vigilance.

Zoom critique : Sans appel, une chronique familiale au cœur de l’Histoire

Avec Sans appel, Lydia Olchitzky-Gaillet livre un récit puissant, à la croisée de la mémoire historique et de la fiction romanesque. Publié en 2023 chez L’Harmattan, ce roman conclut la trilogie Le Club des Abandonnées, mais il peut aussi se lire comme une œuvre autonome.


Une histoire intime dans la tourmente de l’Histoire


Le roman est raconté par Clara, petite-fille d’une famille juive originaire de Pologne. À travers son regard, le lecteur traverse la saga des Meier : leur installation à Paris, la persécution nazie, la Résistance en Haute-Provence, puis les fractures intimes d’une génération marquée par la guerre et l’exil. L’originalité du livre réside dans ce mélange entre chronique familiale et drame collectif.


Le thème de l’abandon


Le titre Sans appel résonne comme une condamnation définitive, mais aussi comme un verdict affectif. L’un des passages les plus poignants est celui où le père de Paula chasse sa fille de la maison en découvrant la grossesse de celle-ci, la grand-mère de Clara. La douleur de l’exclusion familiale vient ainsi redoubler les souffrances héritées de l’Histoire.


Une écriture de la transmission


Lydia Olchitzky-Gaillet ne cherche pas à écrire une fresque monumentale : son roman se déploie à hauteur d’enfant, de femme, de fille abandonnée. La voix de Clara est celle d’une mémoire vivante, fragile mais toujours nécessaire. L’écriture, simple et claire, refuse les artifices pour mieux servir l’émotion brute.


Une littérature engagée


À travers Sans appel, l’autrice poursuit une démarche littéraire engagée : interroger les silences de l’Histoire, redonner voix à celles et ceux qu’on a voulu effacer. Mais elle va plus loin en explorant la transmission transgénérationnelle des traumatismes, ces héritages invisibles qui continuent de peser sur les descendants.


Conclusion critique


Sans appel est une œuvre de mémoire et de conscience. À travers la petite histoire d’une famille, Lydia Olchitzky-Gaillet touche à l’universel. Elle rappelle que les blessures héritées du passé ne disparaissent pas d’elles-mêmes, mais qu’elles peuvent devenir, à travers la littérature, un espace de partage et de compréhension. Ce livre mérite d’être lu non seulement comme une saga familiale, mais aussi comme un acte de résistance littéraire face à l’oubli.

Edition -

30 septembre 2025

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