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Le pagne de grand-mère ne se jetait jamais

Le pagne de grand-mère ne se jetait jamais


Dans bien des foyers d’Afrique, il y avait autrefois un geste qui ne se faisait jamais : jeter le pagne d’une grand-mère.

Qu’il soit râpé, rapiécé ou délavé, ce morceau de tissu conservait une valeur symbolique et affective. Il ne couvrait pas seulement un corps : il portait une vie, une histoire, des souvenirs brodés au fil des jours.


Chaque pli était une mémoire, chaque couture une résistance. Loin d’être un simple textile, ce pagne racontait la dignité d’une femme, la patience face à l’adversité, les veillées au clair de lune, les bénédictions murmurées au creux du foyer.


Aujourd’hui, dans une société qui valorise le neuf et jette l’ancien sans remords, ces héritages disparaissent peu à peu.

La culture du jetable a infiltré les esprits : objets, traditions, anciens… tout ce qui semble usé est évacué.

Chez certains jeunes, on se défait des symboles comme on se débarrasse d’un vieux vêtement. Résultat : des racines qui s’effilochent, des identités en déséquilibre, une mémoire commune en perte de transmission.


Le pagne de grand-mère nous enseigne pourtant autre chose : que la valeur d’une chose ne réside pas dans sa brillance, mais dans ce qu’elle porte.

Dans les plis du tissu, il y a des prières. Dans ses taches, des luttes. Dans ses franges, des récits muets.


Refuser de jeter, c’est choisir de continuer à tisser.

C’est faire le choix de garder le fil.

Et dans un monde qui coupe sans recoudre, ce geste est déjà un acte de résistance.


Edition -

30 juillet 2025

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